samedi 9 octobre 2010

5 jours ou 5 semaines?

Il ne s'est passé que 5 jours depuis notre dernier message, mais c'est impressionnant comment les évènements s'enchaînent à une vitesse folle.

Nous avons dû attendre jusqu'à mercredi (6 octobre) pour notre départ vers Cape May. Les conditions annoncées n'étaient certainement pas idéales (quand le sont-elles?!) avec un vent de 15 à 20 nœuds du S-W virant à l'ouest au courant de la nuit. Ça veut dire du près serré (avancer contre le vent) en quantité industrielle, mais les vagues annoncées de 3 à 5 pieds étaient beaucoup plus raisonnables que les 9 à 13 pieds des derniers jours. Et puis, faut dire qu'on avait la gigotte et si ça continuait, le bateau allait s'enraciner. Autre argument de poids qui nous poussait à partir, la marina de Sandy Hook tentait de nous escroquer à 15$ la douche!

La traversée devrait normalement durer entre 22 à 24 heures selon les guides consultés, mais avec les condition annoncées, notre inexpérience et la longueur restreinte de notre bateau, nous avons décidé de partir assez tôt le matin, en souhaitant faire notre arrivée le lendemain à Cape May en début d'après-midi. Entre Sandy Hook et Cape May, il y a quelques refuges et les autres équipages ont finalement choisi de couper la traversée en deux. De notre côté, on a tenté le tout pour le tout, l'expérience d'une nuit en mer nous attirait et nous ne voulions pas rester coincés encore à attendre après une fenêtre météo en milieu de route.

Voici deux petits vidéos pour vous donner un aperçu de notre navigation dans l'océan... pas trop loin de la côte quand même, mais juste assez pour croire qu'on est seul au monde!





Les premiers milles ont déboulés rapidement, on avait le courant de marée qui nous a expulsés du port de New-York à 8 nœuds. Le ciel bleu, le vent qui adonnait et surtout Frédérique m'ont convaincu à lever les voiles pour faire taire Yamaha. Avec 2 ris dans la grand voile et le génois pleinement déployé, on a rejoint les Vogueux qui nous avaient dépassés entre temps. Le bateau passe beaucoup mieux les vagues sous voiles qu'au moteur et je commence à croire que c'est pour ça qu'on appelle ce genre d'embarcation un voilier!!

Lorsque le ciel s'est couché, nous étions seuls avec une mer qui s'était affolée et un vent qui s'était emporté. Nous recevions des bonnes raclées et nous commencions sérieusement à trouver le temps long. Malgré tout, nous pouvions garder le moral grâce à notre musique et un ciel étoilé. Nous avons navigué avec la constellation d'Orion juste au-dessus de notre tête pendant une bonne partie de la nuit, en fait, jusqu'au levé du soleil, Orion a été le dernier guerrier à se coucher.

C'est justement à ce moment que nous avons pris la décision de rentrer à Atlantic City (voir photo), et ce, à cause des conditions qui ne s'amélioraient pas du tout ; on avançait extrêmement lentement. Cependant, une autre raison nous a pousser à nous arrêter : il y avait presque autant d'eau dans le bateau que sur le pont. Voici pourquoi :
Premièrement, les vagues déferlantes ont fait lever l'écoutille à maintes reprises inondant le lit. Ensuite, de l'eau s'infiltrait par le capot de la descente et tombait sur le plancher. De plus, il y avait environ 3 pouces d'eau sur le plancher de de la toilette, que Fred allait éponger à chaque heure pour ne pas que ça se propage dans le reste du bateau. Finalement, une quantité anormale d'eau s'infiltrait par le pont bâbord mouillant tout les vêtements de Fred. Et oui, elle n'avait plus un seul morceau sec! N'oubliez pas que cette eau est salée et rend tout très inconfortable. Nous étions détrempés, gelés, fatigués, découragés par l'intérieur du bateau qui se détériorait à une vitesse fulgurante.
Bilan : plus de serviette, débarbouillette et linge sec, plus de vêtement pour Fred, plus de couverture sèche, un bateau couvert de sel (intérieur et extérieur). Bref, une expérience enrichissante, mais extrêmement frustrante. Oui, la mer était agitée et les vents un peu trop forts, mais ce sont les infiltrations d'eau nous ont vraiment mis KO! Beaucoup de modifications à faire en vue de nos autres traversées... on veut aller aux Bahamas!!

C'est seulement après deux jours de navigation que nous avons trouvé une place pour faire du lavage. Nous avons dû nous contenter d'une seule couverture et porter le même linge (Fred habillées en Alex... beau look!) pendant tout ce temps. Au moins, nous avions eu la chance de prendre une bonne douche pour enlever tout ce sel qui s'était collé à nous. Alex avait l'air d'un vrai vampire avec les yeux rouges sang. Chapeau à notre capitaine qui a barré pendant presque 24 heures avec seulement quelques mini-pauses (très mini!)! Merci Alex!

Ces deux jours se sont aussi passés dans un stress intense puisque nous naviguions dans des chenaux étroits dont la profondeur est parfois très faible, même à marée haute. Nous ne voulions plus aller en mer et risquer de tout mouiller davantage, quoique presque impossible!! Avec les grandes marées, nous devions attendre certains moments de la journée pour passer des ponts dont la hauteur libre est de 35 pieds... nous avons un tirant d'air de 35 pieds. Malheur! on a arraché notre girouette!

De l'autre part, il fallait faire attention à marée basse pour ne pas restés pris! Quelle casse-tête! Nous avons donc vécu 3 échouements ; Alex le grand capitaine nous a sorti de ces fâcheuses positions à deux reprises, mais la dernière était trop intense et nous voulions pas attendre la marée haute pour s'en sortir, les ponts l'obligent. Nous avons dû appeler la compagnie de remorquage ; heureusement, puisque nous sommes membres, cette expérience ne nous a rien coûté!

Malgré tout, ces deux jours nous ont donné un bel avant-goût de la navigation dans l'Intracostal avec des manœuvres difficiles entre des drôles de bouées pas toujours bien placées, une circulation intense, tous ces ponts à faire lever, les communications à la VHF (Fred est rendue une pro!).

Toutefois, ces chenaux passent à travers de belles petites villes. Les maisons sur pilotis longent la rive et le paysage est parfois à couper le souffle. Ces zones humides sont un véritable poumon pour l'océan et elles regorgent d'une multitude d'espèces d'oiseaux.


Wow! Avec quelques jours de retard, on est enfin rendus à Cape May, la porte d'entrée vers la Baie du Delaware. Nous sommes amarrés dans une magnifique marina : Utche's Marina. Nous avons été accueillis chaleureusement avec une beau sac cadeau de bienvenue : bouteille de vin local, biscottis maison, savon artisanal, café... vraiment très agréable après avoir vécu 3 jours intenses. Enfin, on peut laver nos trucs, prendre une bonne douche et relaxer!
Cape May est une ville superbe et très agréable. Ce soir, souper au resto et film en plein air... Poltergeist, c'est Halloween bientôt! On devrait profiter encore de la fin de semaine pour apporter quelques améliorations à Orion de manière à ne plus être tracassés pour notre prochaine expérience en mer. Ouf! Toujours des rénovations à faire!

6 commentaires:

  1. Bravissimo,les enfants!

    Je suis fière de vous, même si les bisous que je vous donne goûtent les cornichons salés; J'adore ;-)))

    " Une équipe du tonnerre ! "... "Une révolution pas toujours tranquille " dans votre vie mais une expérience sans prix a.m.a.

    5 jours...= 5 éternités...

    " Vaya con Dios ! " enfants du voyage! Maitres après Dieu, je vous fais confiance !

    À la prochaine !

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  2. Heureuse de voir que vous avez passer au travers. Au gré des vagues et maitre apres Dieu.

    Louise de Calgary.

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  3. Que je vous admire... mes chers braves, que d'aventure et d'autres péripéties à venir!

    Les images sont magnifiques et le paysage doit certainement être une récompense.

    Je m'ennuie de vous. Néanmoins ma cher soeur, je te sais si heureuse en voyage... un vrai poisson dans l'eau!

    Vous êtes superbes et je vous aime... Xx Xx

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  4. Vous êtes source d'inspiration! À la lecture de vos écrits, je peux facilement vous imaginer vous chers marins voguant vers votre but ultime. Continuez de nous donner de vos nouvelles et d'alimenter notre vue de vos merveilleuses photos.
    Soyez toujours prudents, les Bahamas ne bougeront pas et vous attendrons.
    Annie

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  5. Nous sommes revenus au bercail et nous avons suivi votre périple de la France et la Suisse. Les nouvelles que nous recevons nous permettent de vibrer avec vous. On s'ennuie de vous, à quand le prochain rendez-vous sur skype?

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  6. Bonjours les tourtereaux.
    Tout va bien pour Lucie et moi. Nous allons être dans le sud du 4 décembre au 22. Nous serons à Daytona le 4 au midi.
    Claude et Lucie

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